Quel programme budgetaire et fiscal pour les candidats à la présidentielle congolaise de 2023?

« Le tiers monde est pas une realité, mais une ideologie  » Hannah Arendt

Les pratiques des candidats à la présidentielle de la RDC peuvent-elles permettre de penser que le Congo va éventuellement emprunter de si tôt, à l’instar d’autres pays d’Afrique noire, le chemin de la modernité et de la rationalité, en ce qui concerne la fiscalité et les finances publiques ?

La réponse à cette question est hypothétique. Elle nécessite de répondre au préalable à plusieurs autres questions, notamment celles relatives au fondement de l’action et aux motivations de ces candidats à la présidence, tel qu’il ressort de ce qu’ils donnent à voir.

Parmi ces questions préalables, indispensables pour comprendre les tenants et les aboutissants des programmes des différents candidats ou même leur absence de projet, il convient de s’interroger sur l’idéologie qui justifie leur démarche.

En effet , si l’on s’en tient à l’approche de la philosophe, Hannah Arend, si le tiers monde est d’abord une idéologie, c’est parce que ceux qui dirigent ces pays se plaisent à les maintenir dans ce qui compose le tiers monde, à l’instar du Congo RDC, dans un état de décrépitude avancée, du fait de leur idéologie. Un clèptocrate, même déguisé en démocrate ne fera rien pour doter ce pays de tous les outils indispensables pour améliorer le système fiscal.

L’absence de programme fiscal ou budgétaire peut s’analyser comme une volonté de ne pas mettre en place des outils susceptibles de permettre une vérification à posteriori, des sommes mises à disposition pour divers projets, ou simplement leur faisabilité; Ou pire de ne pas améliorer le système fiscal, ainsi que les finances publiques, alors qu’il en ont rudement besoin.

Il convient de ce fait de s’interroger sur l’idéologie à laquelle adhèrent les prétendants à l’élection présidentielle au Congo, pour savoir quel sens ils veulent donner à leur mandat, sur le plan économique. Leur élection constituera t-elle un pas en avant pour ce pays ou un enlisement pour les plus démunis des habitants de ce pays qui regorge pourtant de tant de richesses.

Paradoxalement, l’examen approfondi des déclarations des candidats ainsi que des articles dans la presse, tant locale qu’étrangère, démontre qu’aucun de ces candidats ne fait cas des failles en matière de finances publiques, ni de l’impact de celles- ci sur leurs promesses de campagne. Le projet des uns et des autres ne fait nullement état d’un programme fiscal ou budgétaire.

Aucun d’eux n’a présenté un projet réaliste crédible susceptible de contribuer à l’amélioration des finances, ce qui maintient le peuple congolais dans la décrépitude et la corruption. Aucun n’a fait émerger une idéologie permettant de garantir la prospérité et la liberté, ainsi que toutes les valeurs fondamentales d’un état.

L’élection présidentielle devrait être un moment crucial pour une nation, le moment des choix; Les actes de ceux qui prétendent au pouvoir sont autant d’indicateurs qui nous permettent de juger de la crédibilité de leur projet et de voter en connaissance de cause.

C’est l’instant où un homme doit persuader le peuple qu’il incarne la solution à ses problèmes ainsi que ses valeurs et qu’il peut activer les leviers qui permettront de concrétiser la réalisation des objectifs attendus par le peuple et garantir le bon fonctionnement des institutions.

Pourtant, le peuple, dans le cadre des élections présidentielles devra à travers les urnes, sceller un pacte avec celui des prétendants à ce poste, qui va le convaincre qu’il rempli les conditions par son projet et son parcours, pour être ,le garant des institutions et atteindre les objectifs su pays.

Le projet des prétendants à ce poste suppose d’avoir définit les modalités de financement et une date de réalisation.

En effet, tout projet, quel qu’il soit, dès lors qu’il n’est pas assorti de modalités de financement est une utopie, qui de ce fait ne peut être considéré comme étant viable.

La fiscalité est un élément crucial dans le cadre des élections parce que c’est par le biais des impôts collectés, que l’état finance les sommes nécessaires à la réalisation du projet politique ou économique de l’état, bien entendu même si l’état dispose d’autres moyens, mais un état souverain doit d’abord compter sur la fiscalité.

L’absence de projet fiscal interroge sur le sérieux des candidats, sont-il crédibles ? Comment peut-on promettre des améliorations ou des changements aux personnes, sans prévoir les moyens financiers indispensables, abusant ainsi de la crédulité du peuple ?

Même si le peuple congolais ne s’est jamais préoccupé des mécanismes de fonctionnement de l’état, et encore moins des contre pouvoirs constitués par les partis d’opposition, les journalistes ou les intellectuels, il serait honnête et digne que les prétendants au pouvoir suprême de la RDC présentent un projet le plus crédible, par respect pour le peuple .

L’absence d’une politique fiscale affirmée aboutie rarement au bon fonctionnement d’u’un pays ou a l’amélioration des modalités de financement des besoin du pays.

L’absence d’un projet de politique fiscale corrélé avec le fait qu’aucun des candidats ne présente un dispositif efficace pour lutter contre la corruption, un des fléaux de ce pays, ne permettra pas d’assainir les finances de ce pays. Le mimétisme fiscal qui caractérise les pseudos innovations fiscales récentes, ne peuvent en soi constituer des solutions aux problèmes auxquels est confrontée l’administration fiscale congolaise. Une volonté politique affirmée pendant la campagne électorale présidentielle pourrait constituer la pierre angulaire sur laquelle devrait s’articuler les projets des divers candidats à la présidentielle.

Il existe au sein de la classe politique congolaise, certaines personnalités qui estiment qu’il n’est pas indispensable de s’époumoner à identifier les moyens qui serviront à financer leurs projets, parce que dans tous les cas ceux-ci seront forcément financés par des pays tiers ou des organismes internationaux, sans se préoccuper de la souveraineté du pays ni de sa dignité. En effet, comment peut- on qualifier un état dont la plupart des dépenses sont financées par des états tiers ? Quand est- il de sa souveraineté, ou de la dignité de ses dirigeants ? Comment qualifie t-on un individu qui passe son temps à quémander ? Ce même qualificatif peut-il s’appliquent à un état ?

Si paradoxal que cela puisse paraitre, aucun candidat à la présidentielle congolaise n’a présenté un programme budgétaire et fiscal digne de ce nom.

Gouverner un pays c’est d’abord prévoir, envisager pour chaque projet les moyens pour le réaliser. Sans moyens, il n’est pas possible de réaliser son projet, cela équivaut à ne pas avoir de projet.

Le programme budgétaire et fiscal est l’élément initial qui permet d’établir que les promesses électorales sont réalistes ou pas. Comment le futur Président de la République qui sera élu pourra répondre de la réalisation des promesses électorales, pour lesquelles aucune modalité de financement n’a été présentée aux électeurs ? N’est- ce pas là un prétexte pour toutes les réalisations non effectuées à cause de l’absence de moyens financiers.

Cette absence de programme fiscal et budgétaire pose ainsi la question des modalités d’appréciation ou d’évaluation des politiques et des réalisations promises pendant la campagne électorale.

Hermen lumini

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